Qu’est-ce que l’ A.B.A. ?
"Applied Behavior Analysis" (Analyse Appliquée du comportement)
1- Principes :
Les
enfants qui se développent de façon « normale » apprendront
spontanément dans leur environnement (apprentissage du jeu, du langage,
des relations sociales).
L’ A.B.A. concerne les règles de mise en place de ce cadre.Les enfants autistes sont capables d’apprendre, mais dans un cadre particulièrement structuré, dans lequel les conditions sont optimales pour développer les mêmes compétences que les autres enfants acquièrent naturellement. L’ A.B.A. est basée sur des principes scientifiques et expérimentaux. L’ A.B.A. emploie des méthodes basées sur la théorie de l’apprentissage et applique à l’autisme les principes comportementalistes. 2- Description :
L’ A.B.A. comporte un programme de techniques de modification du comportement et de développement de compétences.
Elle se compose essentiellement de deux types d’enseignements :
L’enseignement « structuré »
, assis au bureau ainsi qu’un apprentissage scolaire classique.
L’apprentissage est décomposé initialement en séances, répétées en
successions rapides ( Essais Distincts Multiples) jusqu’à ce que
l’enfant réussisse à répondre correctement sans guidance ou aide
particulière.
Chaque essai ou étape consiste en :
Toute
réponse ou ébauche de réponse correcte est renforcée positivement
c’est-à-dire suivie immédiatement par quelque chose de plaisant pour
l’enfant (jouet, bravo,…) et toute autre chose est ignorée ou corrigée
de façon neutre.
L’enseignement « incidental » qui s’applique partout (à l’école, à la maison, à l’extérieur…) et à tout moment possible : il s’agit de guider l’enfant
Là encore, toute action ou ébauche d’action adaptée est encouragée et renforcée par quelque chose qui plait et motive l’enfant.
De façon générale, l’enseignement se fait par petites étapes : Chaque compétence que l’on souhaite développer chez l’enfant est analysée en petites unités mesurables et enseignées une étape à la fois. Exemple : « se brosser les dents » est composé de : on prend la brosse; on la mouille; on met de la pâte dentifrice; etc.… On passe idéalement de la situation d’apprentissage « un pour un » (un adulte pour un enfant), à la situation de petits groupes puis à la situation en groupe plus large.
L’environnement
doit être structuré dans un premier temps sans trop de stimulations
parasites. Puis, les acquisitions émergentes sont répétées et renforcées
dans des situations moins structurées. Celles-ci doivent cependant être
préparées avec soin et se reproduire fréquemment.
Le
temps d’enseignement est optimisé pour réduire le temps consacré à des
activités non productives comme l’autostimulation ou les comportements
inappropriés, pour favoriser la concentration, l’attention et pour
inciter l’enfant à interagir activement avec son en
Lors
de tout apprentissage, il primordial de toujours tenir compte de la
motivation et des intérêts de l’enfant pour qu’il prenne plaisir à
apprendre et à découvrir ce qui l’entoure. C’est le moteur même de sa
réussite et de ses progrès. De plus, les progrès, les encouragements
constants, les félicitations vont donner à l’enfant une image
valorisante et structurante de lui-même ce qui contribuera encore à
favoriser son développement et son envie d’apprendre.
Les
parents pourront participer activement en recevant conseils et
orientation du psychologue et du personnel encadrant ainsi
qu’éventuellement une formation spécifique pour pouvoir appliquer le
programme à domicile dans un but de généralisation, de continuité et de
cohérence. C’est la généralisation des apprentissages concrets acquis
dans l’établissement et extrapolés dans l’environnement quotidien/social
qui viendra participer au développement et renforcement des mécanismes
et compétences recherchés.
3- Objectifs éducatifs
Il
s’agit d’enseigner des compétences importantes pour les enfants
présentant des TED dans les domaines suivants : l’attention, le langage
réceptif et expressif, l’association, les habiletés motrices globales et
fines, les jeux et loisirs, les compétences sociales, l’autonomie,
l’intégration en communauté, les connaissances préscolaires et
scolaires.
Le comportement verbal
est systématiquement travaillé. Dans un premier temps on cherche à
développer le langage sous la forme de demande. L’enfant obtient alors
ce qu’il demande comme renforçateur. L’expression du langage est basée
sur les motivations de l’enfant.
Ensuite, on enseigne le commentaire, l’obtention d’informations puis l’aspect structurel du langage. Le développement de comportements « pivots », attention conjointe, imitation, coopération, traitement d’information multimodale- permet d’aborder des apprentissages plus complexes.
4- Développer et initier un nouveau comportement
Il existe plusieurs techniques d’intervention :
Cette incitation peut être :
Exemple : on veut enseigner le mot « maman ». On renforcera les vocalisations « m », « ma », « mam », « mamam », « maman ».
La procédure en chaîne :
une chaîne de comportements est formée de plusieurs éléments dans un
ordre donné. Chaque élément dépend de l’émission de l’élément précédent.
Exemple : se laver les mains est composé de :
ouvrir l’eau froide ; ouvrir l’eau chaude ; se mouiller les mains ;
prendre le savon ; etc..
On enseigne alors à l’enfant à enchaîner les étapes dans l’ordre logique.
5- Augmentation de la fréquence d’un comportement
La
fréquence d’un comportement va être augmentée par une procédure de
« renforcement » c’est-à-dire que les réponses appropriées sont
immédiatement renforcées par quelque chose de plaisant pour l’enfant
(bonbon, jouet, bravo, chatouille..).
Au début, les renforçateurs
doivent être concrets pour l’enfant : friandise, jouet, activité
amusante, mais toujours accompagnés d’approbations sociales telles que
des bravos, applaudissements, bisous… Puis en fonction de la progression
du développement de l’enfant, ils doivent devenir de plus en plus
subtils (clin d’œil, sourire, …) pour finalement ne faire appel qu’aux
renforçateurs qu’on trouve dans le milieu naturel.
Il
est important de bien connaître les intérêts et motivations de l’enfant
afin que les renforçateurs soient appropriés et variés et que l’enfant
prenne plaisir à apprendre. L’enseignement se fait toujours dans un
climat chaleureux et plaisant.
Un des buts prioritaires est que l’apprentissage devienne amusant afin que l’enfant y trouve un plaisir intrinsèque. Les renforçateurs seront d’abord utilisés de façon régulière et systématique puis on pourra les espacer pour éviter l’habituation et la monotonie.
6- Diminution de la fréquence d’un comportement
Lorsqu’un comportement est inapproprié ou problématique, il est important de pouvoir le réduire ou l’éliminer.
En général, on agit sur un comportement lorsqu’il présente un danger pour la personne ou pour les autres (ex, se sauver dans la rue, mordre…), lorsqu’il peut mener à l’exclusion (ex, peurs atypiques (bruits de véhicules, aspirateurs…), crier…)ou lorsqu’il est un frein pour l’apprentissage (se lever sans cesse…) Ce comportement fera l’objet d’une analyse fonctionnelle systématique :
On
agit sur les causes déclenchantes soit en les supprimant s’il y a lieu,
soit en les aménageant (exemple : peur) pour que l’enfant s’y habitue
progressivement et y associe quelque chose d’agréable (jeu, musique,..)
On donne une explication claire et brève (ex : interdit : ça fait mal, c’est fini, c’est le bruit de l’avion, etc..) de la façon la plus neutre possible. Les réponses problématiques sont explicitement non renforcées et on procède à l’extinction : le comportement inadéquat est ignoré de façon systématique. Il va alors s’éteindre de lui-même puisqu’il n’est jamais renforcé ni socialement, ni d’aucune façon. On donne alors si nécessaire la possibilité à la personne d’arriver au même but par un autre moyen en présentant un comportement approprié et en le renforçant.
7- La généralisation des comportements
Afin
d’optimiser les succès de l’enfant, les compétences émergentes
enseignées durant les exercices d’essai distincts, doivent être
répétées, renforcées et généralisées dans des situations de moins en
moins structurées, dans différents contextes, puis, dans le cadre
naturel de vie.
Tout environnement doit pouvoir aider l’enfant à développer ses capacités. L’A.B.A. est une intervention globale, menée partout, à tout moment possible. Il faut des personnes formées et entraînantes (parents, professionnels, proches, pairs) pour aider à renforcer les comportements appropriés dans un grand nombre de cadres divers, pour passer de la maîtrise de la compétence, à l’appropriation.
8- Le maintien des comportements
L’enfant
doit exécuter son comportement pendant une longue période de temps et
le répéter de façon régulière pour se l’approprier.
9- Résultats
De
façon générale, les réponses et comportements de l’enfant sont
enregistrés et évalués suivant des critères et des objectifs spécifiques
fixés à l’avance.
On réalise ainsi des grilles permettant de mettre en évidence les progrès de l’enfant, d’ajuster les programmes en fonction de ses résultats, de ses préférences, de ses capacités, de modifier la procédure en fonction de ses réponses et réactions. Le programme éducatif est fixé par le Projet Educatif Individualisé, celui-ci étant bien sûr réactualisé en fonction des résultats de l’enfant. |
Pourquoi l’ABA ? |
Selon les recherches, le programme A.B.A. est
actuellement le plus efficace auprès des jeunes enfants ayant un TED. Il
peut aider certains enfants à apprendre à un rythme suffisamment rapide
pour rattraper les connaissances et habiletés de leurs pairs à
développement normal. L’A.B.A. maximise le temps d’enseignement en
réduisant le temps consacré à des activités non productives comme
l’autostimulation et les comportements non fonctionnels. Pour comparer,
les enfants à développement typique apprennent de nouvelles choses tout
leur temps d’éveil en jouant ou en observant les adultes autour d’eux.
Les enfants TED peuvent accumuler du retard dans leur développement
lorsqu’ils sont laissés à eux-mêmes sans chercher à imiter les personnes
autour d’eux.
Les recherches initiales
(Lovaas 1987) indiquent des améliorations du QI, de la compréhension et
de l’expression du langage ainsi que des habiletés sociales et
adaptatives permettant à de nombreux enfants de suivre une intégration
scolaire en milieu normal et à tous de progresser considérablement.
Ces recherches ont été reproduites (UCLA-Université de Los Angeles, Californie-Smith 1992-93) , (Norvège Klevstrand 1992), (Wisconsin, Young Autism Project) et sont en cours. Les résultats à ce jour concordent avec ceux de Lovaas.
Les publications sur les
programmes de l’analyse appliquée du comportement sont innombrables. Des
chercheurs internationalement reconnus dans le domaine comme Krantz et
McClannahan ont à leur actif plus 800 publications.
Bien qu’il existe des différences dans les procédures utilisées, les méta-analyses menées par Guralnick (1998) et Ramey & Ramey (1998) recensent 5 conditions nécessaires pour une efficacité scientifiquement acceptable :
Aujourd’hui, le programme A.B.A. pour les enfants autistes est préconisé au niveau international :
«
Trente années de recherches ont montré l’efficacité des méthodes de
l’analyse appliquée du comportement en réduisant les comportements
inappropriés et en augmentant la communication, les apprentissages et
les comportements sociaux adaptés »
En France, l’ A.B.A. commence à être connue :
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